Eurydice deux fois perdue

Paul Drouot

– 103 p. – 21 x 14 cm – 1986 – ISBN 2-905573-01-5 – 9 €

Eurydice deux fois perdue est une œuvre que Paul Drouot n’eut pas le temps d’achever à cause de sa mort prématurée en 1915. C’est Paule Régnier, une amie, qui fit éditer le texte, une première fois en 1921 auprès de la Société littéraire de France, puis en 1930 aux éditions Plon et enfin en 1951 par Les Belles Lectures.

La présente édition est singulièrement enrichie de fragments inédits conservés dans les collections de la médiathèque Voyelles à Charleville-Mézières.

Ouvrage publié avec le concours de la Ville de Charleville-Mézières et de la Ville de Vouziers.

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« Quelqu’un marche avec une blessure terrible, un trou au côté droit et au dos, dans un pays désert, montagneux, aride. Longtemps après, quelqu’un d’autre trouve une tunique autrefois ensanglantée, dans son jardin de roses. Le vent d’est l’a poussée, jetée là.

Je marchais dans la nuit sans me demander où j’allais, droit devant moi, comme nous ferons, la nuit du jugement, quand nous chercherons Josaphat. »

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« À l’heure où les ponts ne traversent plus les fleuves, la nuit ; à l’heure où les chemins de halage ne courent plus le long de l’eau, mais reposent ; à l’heure où la nature s’abandonne au premier songe qui veut d’elle, je te rejoindrai sans bruit, et l’un de nous bercera l’autre dans ses bras. »

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« À midi, en été, sur la route, c’est nous qui protégeons notre ombre des ardeurs du soleil, qui lui formons de notre propre corps un rempart contre la lumière. Ainsi notre amour qui est chair et vie projette devant soi son idéal qui n’est qu’illusion et vanité ; de toute sa stature humaine il garantit la sombre silhouette qui le précède et qu’il croit suivre alors qu’il la guide par les pieds. Souffrir, saigner, succomber même, que lui importe, si la chère image aux lignes pures, aux gestes longs ne ressent rien, Elle, des feux du jour ! »

(Extraits d’Eurydice deux fois perdue)



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