La petite route du col (suivi de) Vues des guides et porteurs au-dessus du précipice
Yves Leclair
– 80 p. – 17 x 10 cm – 2023 – ISBN 978-2-905573-30-8 – 10 €
Nouvelle édition. La précédente édition (1997), aujourd’hui épuisée, ne comprenait que le premier volet intitulé La petite route du col.
« Je songe cette nuit – il est minuit, la pluie crépite, le tonnerre gronde, roule dans la montagne, avec de grands tremblements comme si on touchait à des fondations, comme si on roulait d’énormes cailloux sur des tôles – je revois, en remontant la petite route du col, le gars et la belle fille rousse couchés dans un hamac suspendu au balcon de leur habitation délabrée. Au-dessous, dans la cour, les gamins guenilleux courant, riant entre les bouses sèches et les remugles de lait chaud, comme sur une galette des rois. »
*
« Je lis à livre ouvert : je vois la route grise qui monte, courbe sur le flanc du mamelon. Un air de brume, comme une page presque invisible, voile les grands corps couchés des montagnes. La lumière s’est réfugiée derrière les crêtes. Une porte en bois qui grince un peu : c’est une femme qui ferme son volet, cachant sa nudité d’être. »
(Extraits de La petite route du col)
La petite route du col (suivi de) Vues des guides et porteurs au-dessus du précipice comprend deux volets, comme l’ubac et l’adret de la même montagne. Le premier volet, de bois vert, raconte en courtes proses un séjour heureux dans un ermitage : chauffé par les vaches dans l’étable en dessous, le chalet en rondins est perché au bord de la petite route d’un col très peu fréquenté. Le second tableau du distique recueille, sous la forme de seize énigmatiques épitaphes, telle une iconostase, les biographies minuscules d’hommes illustres (de Tchouang-tseu à Henri Michaux) ou d’autres immenses figures de résistances (d’Umberto Saba à Armel Guerne dans son moulin à vent de Tourtrès (Lot-et-Garonne)). Du matin au soir de la vie, ces vies exemplaires, ces vues vertigineuses d’en haut et d’en bas, ces notoriétés anti-spectaculaires auront servi de main courante à l’homme qui n’aura cessé de faire confiance, sans calcul, à la seule pente naturelle de cette vie familière et flottante.
Yves Leclair