La pièce du bas

Gilles Lades

– 64 p. – 17 x 10 cm – 2018 – ISBN 978-2-905573-17-9 – 10 €

 

« Il est des lieux que la mémoire revisite sans cesse, sans doute parce que l’existence y reconnaît un de ses foyers, un point où se sont ancrés le corps et l’esprit. C’est ce que j’évoque ici, avec La pièce du bas, une pièce banale où mon enfance et ma première adolescence ont trouvé à se construire. Quercynois d’ascendance et de naissance, je me suis un jour trouvé transplanté dans un ailleurs de plaine, une ville garonnaise, où mes repères se croisaient à la manière des fibres dont les oiseaux font leur nid. Pièce du bas, lieu de travail, de rêve, d’ouverture sur l’espace, d’exil aussi, où les beautés du monde et de l’imaginaire hissaient les voiles, emportant au large les routines scolaires et quotidiennes. C’est de ce noyau que naîtraient un jour l’étincelle poétique et le désir de dire, dont l’écriture n’est que la servante éperdue. » (Gilles Lades)

 

Il y eut trois maisons : la première, enroulée sur un balcon qui plongeait en puits livide sur des lessives suspendues. L’urbanité gracieuse et réservée de Madame Jacquin, la voisine de palier, y contrastait avec les rugissements du locataire du bas, furieux de l’égouttement du linge et de vagues bruits. Ma mémoire ne me rappelle ni mes jeux, ni mes premiers essais de lecture. Je me souviens de pièces étroites, d’un escalier à rampes droites, d’une place ouverte sur une entreprise de matériaux, du canal enjambé d’un pont et de la ville aux rues rectilignes rejoignant la vaste halle. J’ai toujours en mémoire le bloc de glace scellé dans le bac à lessive par l’hiver 56, les liserés de givre aux fenêtres, qui irradiaient sous les lampadaires.

(Début de La pièce du bas)



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